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Message posté par : Angelika Disward
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Angelika Disward
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Angelika Disward
Angelika
Féminin
Aime : Les fraisiers, Lisebeth, gambader et foutre la merde.
Déteste : Ne rien faire, la belle-mère de Lisebeth
Talent : La bagarre ♥
Ennemi Naturel : Envie. Definetly.
Couleur préférée : Rouge. Et vermillon s'il vous plait.
Expérience : 581

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Rang: Count/Eldest
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Mer 7 Fév - 19:23
Armed and Ready
Flashback, Angy & Ash


« Relève toi. »

A genoux, tremblante, tu n’arrives à lever la tête qu’à grand peine. Mon regard passe sur Ash, glissant jusqu’à son visage buriné avant de redescendre entre mes mains, attiré par l’éclat métallique. J’ai peur. J’ai mal, mais sans doute moins que le type assis sur la chaise derrière moi. Lui qui m’entend tenter de le poignarder depuis des heures, sans grand succès. Pourtant, je dois mener cet interrogatoire jusqu’à bout, quitte à lui ouvrir les entrailles si Ash n’obtient pas ce qu’il veut. En parlant de lui, je le sens perdre patience. Pas une seul fois, il n’a osé articuler davantage que des ordres. Pas une seul fois, il n’a changé son ton robotique et cassant par un semblant de chaleur. Juste un tout petit brin d’humanité, juste un tout petit quelque chose de réconfortant auquel j’aurais pu me raccrocher.

Son pied frappe en rythme le plancher et je sais, à l’instant même où ses poumons se remplissent, qu’il est sur le point d’exploser. Je me remets sur mes jambes, tant bien que mal. Je n’ose plus regarder mon mentor. Je sais ce qui m’attend et, j’en suis persuadée, ça n’arrangera rien. J’inspire profondément et, les yeux clos, je me laisse guider par la magie. L’ambiance de la pièce s’alourdit et j’entends la cible se mettre à remuer. Il s’inquiète. Il cherche un moyen de s’échapper. Mais au lieu d’accueillir les émotions que je provoque chez lui, je les rejette. J’ai peur. Je sais qu’après le coup de couteau, il ne me restera rien d’autre que le poids d’avoir, encore une fois, aidé quelqu’un à mourir plus tôt que prévu. Ma concentration s’ébranle et la colère d’Ash finit de la briser.

« Assez. Tu me fais perdre mon temps. »

Malgré les tremblements, j’essaie de reprendre pied. Il a raison. Je n’ai pas d’utilité. Tout juste l’avantage tactique dans un combat physique. Mais où se trouve-t-il, lorsqu’on affronte un mage ? Où se trouve-t-il, une fois qu’on est forcé de le cuisiner pour avoir des réponses à nos questions ? Cette fois-ci, je plonge tout entière dans la magie pour m’y abandonner. Pour retrouver le calme olympien qui caractérise si bien le savoir qui envahit mon cerveau, sans crier gare. Je veux tuer cet homme. Je dois tuer cet homme. J’avance et en même temps, je m’enfonce dans le flux d’information qui accompagne les données que j’ai fournis. Un coup simple, efficace. Droit au cœur.  Ma respiration s’accélère. Mes pas se font plus précis, plus rapide. L’espace d’un instant, j’ai plus l’impression de danser que de réellement me préparer à tuer. Les paupières closes, je continue vers la cible, sans m’arrêter, plongeant de plus en plus profondément. Le monde autour de moi n’existe plus. Plus de son, plus de personne. Il n’y a plus que l’idée initiale et la façon dont mon corps réagit au chemin qui l’y conduit. Du moins, c’est ce que j’ai cru jusqu’à ce que la main d’Ash ne me sorte de ma transe.

*

Il est hors de lui. Tremblant de rage, il soulève la gamine et ouvre la porte pour la jeter dehors. Il suit alors, écumant, claquant la porte derrière lui avant de remettre le cadenas en place. Son regard tombe alors sur sa disciple, couchée sur le sol et hébétée. Il parle alors. De longues phrases, qui lui coutent mais dont il pense le moindre mot. La vérité pure, brute, sort de ses lèvres et fuse vers Angelika. Ash attaque, contraint et forcé. Sans sommation.

« Ce n’est pas ce que je t’ai demandé. » Sa voix, basse, se fait de plus en plus grave. « Je t’ai demandé de le tuer, pas de t’enfuir. » Avant même que la petite n’est pu ouvrir la bouche pour répliquer avec sa verve habituelle, il l’arrête d’un mouvement de la tête. « Tu penses que je suis aveugle, Angelika ? » La petite pâlit. Elle a compris. Il sait. Il avait toujours su. « Je sais que tu évites volontairement les points vitaux lorsque tu tires avec le DAN. A chaque fois que tu as l’occasion d’un combat au corps à corps, tu préfères trancher des tendons et démettre des articulations que de toucher les organes. » Et a chaque fois qu’il l’avait vu, il s’était contenté d’observer. De juger ce que son frère avait daigné lui communiquer à propos de sa petite protégée. Mais, d’après l’expérience de l’homme de traque, il était temps : ce jeu avait assez duré. « Est-ce que tu penses, sincèrement, que c’est une minuscule épaule démise qui arrêtera un type qui fera tout pour sauver son cul ? » Une étincelle s’illumine dans le regard d’Angelika et, si jusqu’à présent Ash parlait, maintenant il rugit. Pire. Il explose. « Abandonne l’idée de devenir un protecteur. Tu n’as pas le cran. Tu ne seras rien d’autre qu’un fardeau. » Il s’avance et la saisit au col, se mettant nez à nez avec elle alors qu’elle cherche à éviter son regard. « Tu es cassée. Inutile. Que ce soit pour moi ou pour Elle. »
Il voit les larmes poindre. Il voit le combat interne dans lequel elle se débat. Il voit sa mâchoire se serrer violement, jusqu’à ce que ses muscles saillissent. Elle est en proie à une foule d’émotion et c’est ce qu’il veut. Il la relâche sans délicatesse, sans même faire attention à ce qu’il advient d’Angelika lorsqu’elle retrouve le sol. Il lui tourne le dos, quittant le cabanon de jardin qui leur sert de salle d’interrogatoire d’un pas lent. Ce n’est que théâtralement qu’Ash décide de s’arrêter quelques mètres plus loin. Il achève sa prestation, sans plus exprimer la moindre colère.

« Je te laisse les trois jours qui viennent pour faire des progrès. Si quand je rouvre ce cabanon il n’est pas égorgé, je m’en occuperais moi-même. Et tu le suivras peu de temps après. »

Il entend le couinement de la jeune fille dans son dos. Il sait qu’il lui a fait mal. Il sait qu’il vient de piétiner un an de confiance réciproque comme s’il n’avait jamais existé. Mais c’est plus fort que lui. Il aime cette petite. Il n’a pas envie qu’elle fasse les mêmes erreurs que lui.

*

J’ai mal. A la joue. Au cœur. A la tête. A ma fierté, aussi. Le vieux était taciturne, pas toujours facile à vivre mais il n’avait jamais été cruel. Jamais jusqu’ici. Je ne trouve rien de mieux que de me laisser tomber sur le sol, anéantie. Je jette mon masque de tranquillité au fin fond d’un coin de ma tête et je pleure, sans que je puisse y faire quoi que ce soit.
Je suis cassée. La jolie poupée qui doit devenir un bouclier est cassée. Brisée. Elle aurait dû se reconstruire avec le temps. Elle aurait dû laver les traumatismes, effacer les cauchemars pour redevenir un parfait pantin. La danseuse précise et mortelle qu’on attendait d’elle. Pourtant, il n’en était rien et, si tout le monde semblait avoir pardonné son inexpérience à la petite fille que j’étais, je n’avais jamais pu en faire de même.
Lilith était morte en nous protégeant, Lisebeth et moi. Elle est morte. A cause de mon incompétence. Je sais que, si j’avais réagi, je ne serais plus là. J’aurais joué mon rôle, plus tôt que prévu. Et je sais que j’en aurais été heureuse.

C’est faux. Je serre les dents. Je chasse la pensée avec humeur mais elle reste, ancrée en moi comme un navire sur la grève. Si j’étais morte, Lise aurait été seule. Même si Adonis était là, je sais qu’elle se serait sentie abandonnée. Privée de la petite fille un peu bizarre qui la faisait rire quand ça n’allait pas. Cette même petite fille à qui elle avait envoyé toute sa haine lorsque son père lui avait imposé sa présence mais qui avait fini par gagner sa confiance tant bien que mal.

Est-ce que c’est ça, qui m’arrête ? J’aurais dû mourir, c’est un fait. Pourtant je suis ici, bien vivante, à bouffer la poussière que le vent pousse vers moi. J’ai souvent passé du temps, le soir, à retourner le casse-tête de cette attaque dans tous les sens. A optimiser mes actions, à estimer ce qui aurait été la réponse idéale, celle qui aurait sauvé Lilith et évité le massacre. J’y ai passé des soirées entières à griffonner les plans, à refaire les calculs, à tout balancer lorsque cela ne me convenait pas.

Je n’ai jamais trouvé la bonne réponse.
Avec l’expérience, j’arrive même à penser qu’il n’y en a jamais eu.
Avec le cynisme, j’admets que la chercher est du temps perdu. De l’énergie gâchée.
Pourtant je n’ai jamais réussi à abandonner.

Lorsque je me réveille, en sueur, je revois sans arrêt le visage mort du type que j’ai abattu moi-même. J’ai beau savoir qu’il s’agit de légitime défense, je n’arrive pas à oublier le calme olympien avec lequel je l’ai fait. Du sang-froid, sans doute apporté par la magie. Mais du sang-froid et du dédain quand même. Depuis, chacune de mes interventions étaient devenue propre. Chacun de mes gestes continuaient à blesser, assommer mais je n’arrivais plus à mettre à mort ceux que je devrais.
Ash a raison. Je ne sers à rien. Je suis une lame émoussée. Le genre de lame qu’on envoie au forgeron mais qu’il jette, parfois, lorsqu’elle se brise pendant la reforge.
Je suis cassée. Il a raison.
Je suis inutile. Abandonne.

Je tends une main vers le ciel, essayant d’attraper la lune. Si je renonce, je peux encore retrouver une vie normale. Je peux encore espérer fuir l’Association et rejoindre les mages indépendants. Je peux encore envisager de trouver une autre vie, parmi les civils, et sans doute m’en satisfaire. Je sais que je ne manquerais de rien, si j’use de mes talents. Peut-être pourrais-je même trouver le bonheur avec un humain lambda. Avoir des enfants et une vie simple, éloignée du bordel du monde des Mages…
Lisebeth apparait derrière mes paupières et mon cœur se serre. Abandonner signifie l’abandonner, elle aussi. Ça signifie trahir sa confiance. Ça signifie renoncer à me battre pour elle. Ça signifie que son horrible connard de daron a gagné.

J’ai toujours mal mais maintenant je suis en colère. Une rage que j’avais presque oublié brûle au fond de mon cœur. Elle enfle, elle secoue tout. Elle hurle. Pour Lilith. Pour Lise. Ma main relâche la lune que je tenais captive dans mon poing et retombe sur le sol. Renoncer, c’est admettre d’être comme Mère. La tempête se lève en moi. Je ne suis pas comme elle. Jamais. Je n’abandonnerais pas. Je ne fuirais pas non plus.

*

Lorsqu’elle se relève enfin, Ash sourit. L’espace d’un instant, il a croisé deux prunelles incandescentes.  Un feu intérieur qu’il ne connait que trop bien. Elle se bat encore, mais elle ne fuit plus le conflit. D’un geste enjoué, il saisit la bouteille de vinasse posé à côté de lui et y boit longuement. Lentement, il repose sa boisson et prend place un peu plus confortablement sur sa branche. S’il n’était pas présent, rien ne lui interdisait de surveiller la môme. Il faut dire que c’était une forme de curiosité qui lui dictait sa conduite, pour une fois. Il voulait voir. Voir si son présentiment était bon. Voir s’il était capable de réparer quelqu’un d’aussi brisé que lui.

*

J -2, Cabanon, quelque part au Mexique.
En ouvrant la porte, tu retrouves le regard de l’homme que vous avez capturé il y a quelques heures. Il te dévisage puis semble chercher ton accompagnateur. Il renonce finalement lorsque tu refermes derrière toi et approches de la table à instrument. Tu les replaces, bien trop habituée à les déposer un par un avant chaque interrogatoire. Tu t’étais formatée en une seule année, mais pas jusque bout. Il fallait que tu franchisses le pas ou tes démons ne partiraient jamais.

Tu t’approches du thermostat, délaissant les instruments pour augmenter la chaleur de la pièce. Tu prends la télécommande des amplis et la glisse dans ta poche avant d’approcher du type ficelé à la chaise. Tu baisses le bâillon puis tu recules, sans dire un mot.

« Ton père est un sale con. » Tu ne dis rien, haussant les épaules. « On ne parle pas à un enfant comme ça. On n’implique pas un enfant dans ses trucs là, non plus. » Tu hausses à nouveau les épaules. « Si tu me libères, je peux t’offrir mieux que ça. Autre chose qu’un sale type qui te maltraite parce que tu ne veux pas tuer. » Tu ne réponds toujours rien mais tes yeux parlent pour toi. Le mage secoue la tête. « Tu as peur de lui, c’est ça ? Si tu me détaches, je peux m’en charger seul. Tu n’auras pas besoin d’assister à ça et on pour….
- Pourquoi je vous croirais, alors que vous êtes le premier à avoir sacrifié vos enfants pour votre profit ? » Il se tait et te dévisage. « J’ai lu le dossier, avant de revenir. Avouez que, avec tout ce qu’il y a là-dedans, j’ai autant de chance de vous détacher que vous en avez de me tuer. » Tu le vois ouvrir la bouche puis la refermer. Ses yeux regardent le sol et il se mord la lèvre dans un tic nerveux. A ton avis, il réfléchit mais tu te demandes à quoi. « Pourquoi avez-vous attenté à la vie de Lisebeth Knox ? Qu’est-ce que ça vous a apporté, si ce n’est l’extermination progressive mais définitive de votre lignée ?
- Tu ne peux pas comprendre.
- Peut-être. Peut-être pas. Ce n’est pas ce qu’on me demande. » Tu réponds en haussant les épaules. Puis tu reprends. « Pourquoi ?
- Qu’est-ce que ça t’apporte, de le savoir ?
- Qu’est ce que ça vous apporte, d’essayer de gagner du temps alors que vous savez comment ça finira, avec ou sans réponse ?
- Rien. » Il secoue la tête. « Je n’arrive pas à croire que…
- Vous protégez quelqu’un, c’est ça ? » Tu hausses un sourcil en le voyant réagir. « Je n’ai rien inventé, c’était encore marqué dans le dossier. Mais visiblement, ça a l’air d’être vrai. Merci pour l’info. » Tu t’assoies sur la chaise laissée à disposition près de la table à instrument en grattant tes mains couvertes par des gants de chirurgie. Tu as chaud, avec ça, mais c’est une bonne façon de ne pas craquer. De ne pas utiliser ta magie pour tricher. « On recommence, du coup. Qu’est-ce que ça vous a apporté d’attaquer la demeure des Knox ?
- Pas vous. Juste moi.
- Pourquoi tu risquerais ta vie pour protéger quelqu’un alors que tu pourrais peut-être échanger cette info contre ta survie ?
- Je vais mourir dans deux jours, quoi qu’il advienne. C’est ce que tu m’as dit. C’est ce qu’Il a dit.
- Pourquoi se taire, alors ?
- Pourquoi parler ?
- C’est pas faux. »

Tu te lèves et, lentement, tu retournes changer la température du thermostat. Froid. Il faut qu’il se les gèle, juste assez pour que ça le tourmente mais pas jusqu’à ce qu’il en meure. Tu attrapes le seau rempli d’eau, légèrement rougie, qui sert à nettoyer les outils et tu lui jettes au visage. Il t’insulte mais, curieusement, ça ne te fait rien. Tu le regardes à nouveau, haussant les épaules en réponse.

« A demain. »

Sans lui laisser le temps de répondre, tu enclenches la musique lancinante de la sono et tu quittes les lieux. Solliciter les sens. Priver de sommeil et de droit humain. C’était comme ça, que tu avais appris à obtenir des réponses. Tu reviendras plus tard, lorsque tu verras, à travers le moniteur de la caméra, qu’il a réussi à s’endormir sans permission. Et tu lui renverras un seau à la figure sans pour autant monter la température.
Tu n’es pas patiente, de nature. Mais le vrai problème, c’est le temps. Tu n’as plus que deux jours pour obtenir ce que tu veux.

*

J -1, Cabanon, quelque part au Mexique.
« J’vais t’buter, connasse. »

Il remue sur son siège et tu sais que tu n’obtiendras rien de lui. Du moins, pas comme ça. Tu passes derrière lui et tu tires brutalement le dossier de la chaine en arrière, balayant les pieds pour qu’il bascule. La chute est lourde, son crâne heurte violement le plancher. T’as mal au cœur. Envie de gerber. T’as honte de toi. Mais en même temps, tu dois le faire. Tu dois mettre un pied dans les ténèbres. Pour Lisebeth. Pour que tu puisses anticiper, comprendre ces gens. Tu seras la meilleure. Tu ne seras plus cassée. Tu vois qu’il est tombé dans les pommes. Quelque part, ça te soulage un peu. Tu en as un peu marre de te faire insulter sans arrêt. Et tu as une autre solution, pour qu’il avoue.

Lorsqu’il revient à lui, après une poignée de minute, il panique. Sa vue est obstruée par la serviette que tu lui as scotchée sur la tête. Il ne voit rien, tu en profites. Ton visage, crispé par la concentration que tu gardais pour le rendre impassible, exprime ton mécontentement. Ash t’a demandé de faire ton travail, pas d’apprécier ce que tu faisais.

Lorsque la panique commence à descendre, tu ouvres silencieusement l’une des bouteilles et tu lui vides sur le visage. Une fois. Deux fois. Trois fois. Il respire avec difficulté pendant que tu changes de bouteille. Tu le refais, jusqu’à ce qu’il se mette à pleurer et alors, seulement, tu t’autorises à reposer des questions.

« Pourquoi avoir attaqué Lisebeth ? »

Le type tressaille. Il se pensait seul. Il pensait que c’était un mécanisme automatique. Tu secoues la tête, manquant de perdre tes bouchons d’oreilles. Tu n’en peux plus, de cette foutu musique sans sonorité qui passe en boucle dans la pièce insonorisée. Tu verses à nouveau l’eau sur son visage, remplaçant son silence par des halètements et des hurlements. Ton comportement te donne envie de gerber mais tu te sacrifies. Si tu ne le fais pas, personne ne le fera. Ash lui réserverait pire et c’est ça qui te motive, presque.

« Pourquoi avoir essayé de la tuer ?
- Je… je… » Lorsque tu finis de vider la bouteille, il te supplie d’arrêter. Tu lui laisses une minute de répit, qu’il savoure jusqu’à entendre le bruit du bouchon qui quitte le goulot. Il se tortille, il pleure. Encore une fois, tu vides et jette ta bouteille dans le seau. Tu as de la réserve : Une cinquantaine sont là, près de toi, impatiente de remplir leur rôle. Il pleure encore mais cette fois, c’est différent. Il implore, en même temps qu’il parle.
Il te raconte tout. Comment il a été contacté par une famille qui lui a promis de faire monter en importance la sienne. Comment il a été manipulé par la femme qu’on lui avait promis en échange de sa coopération et de sa réussite. Qu’à l’origine, seul Lilith et sa progéniture était concernée par l’attaque. Que les plans de la famille s’étaient bel et bien réalisés mais pas comme ils l’avaient espéré. Il te raconte comment on l’a trahi et livré aux Traqueurs, comment, du jour au lendemain, sa famille l’a reniée et abandonné à son sort alors qu’eux aussi avait convoité le pouvoir. Puis ses paroles se brouillent, perdent leur cohérence. Il se met à pleurer à chaude larmes et tu quittes la pièce, le cœur serré, pour ne pas te mettre à pleurer avec lui.

*

Jour J, Cabanon, quelque part au Mexique.
C’est le grand jour. Tu es planté devant le cabanon depuis une heure, à regarder ton arme sous toute les coutures. Le couteau qui se trouve dans tes mains, tu le connais par cœur. C’est le couteau dont tu t’es servi pour sauver Lisebeth. Ce même couteau tactique que tu as volé à un des membres de la famille de celui que tu vas exécuter. Tu as bien relu le dossier, abandonné sur le bureau d’Ash. La condamnation de l’Association est sans appel : ils ont donné raison aux Knox.

Immédiatement, l’image de Lysandre dans un costume de reine de cœur, hurlant son cultissime « Qu’on lui coupe la tête ! », te fait sourire et – presque – oublier ce que tu te prépares mentalement à faire.

« Tu es devenue tellement forte que l’idée de tuer quelqu’un te fait rire ? »

Tu fais un bond, brutalement sortie de tes pensées fantasques par Ash, qui se tient juste derrière toi. Ce dernier te dévisage, critique et tu ne peux t’empêcher de rougir, gênée.

« On y va ? » Fais-tu pour détourner la conversation et t’éviter d’expliquer au vieux ce à quoi tu pensais et tout ce qui se rapportait, de près ou de loin, à l’histoire d’Alice au Pays des merveilles. Ton ainé te dépasse et t’ouvres la porte en t’invitant à entrer. En franchissant le pas de l’entrée, tu abandonnes tout. Ton sourire, ta douceur, ton cœur. Tu laisses tout ce qui fait de toi la Angelika que Lisebeth aime et tu rentres dans le nouveau costume que tu as passé la nuit à te construire.

*

Lorsqu’Ash regarde Angelika prendre place derrière la chaise, il est stupéfait. Face à lui se trouve un miroir, qui lui renvoie son reflet. Un miroir qui tire sa lame sèchement, sans sourciller avant de sortir en marchant lentement. Un instant, l’homme craint d’avoir fait une énorme connerie mais, lorsqu’il tourne la tête et la voit assise à même le sol devant la remise, il cesse de douter. Tout doucement, il s’approche, s’assoit près d’elle et, lorsqu’elle lève ses yeux embués vers lui, il lui sourit avec fierté.

« Tu l’as fait, Angy. Tu l’as fait. » Il se fige lorsqu’elle passe ses bras autour de son cou pour pleurer et hésite longuement avant de poser doucement sa main sur sa tête. « Là. Là. C’est fini. Nous travaillerons là-dessus plus tard, c’est promis. »

Emi Burton

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